Ce récit est tiré du texte écrit par Joseph Quinet, Castor du Clos du Cardinal, et publié dans le N° 12 de novembre 2007 de La Fontanière, Association pour l’étude , la mise en valeur et la protection du patrimoine du canton de Sainte-Foy-lès-Lyon – La Mulatière.
En décembre 2007, Jo Quinet transmet son texte à Roger Blanc, l’un des responsables de la Cité des Castors de Pessac et l’initiateur de l’appellation « Castor ».
Table des matières
La prise de conscience
Le mouvement Castor est né après la guerre de 1945, de la conjugaison de la crise du logement avec l’esprit communautaire et la volonté de jeunes militants associatifs, de la J.O.C., des Auberges de jeunesse, militant dans les mouvements familiaux fortement contestataires allant, dans les villes, jusqu’au squattage d’appartements vides ; ils pensent que, dans des circonstances de crise le mieux est de « construire » soi-même sa maison en s’entraidant les uns les autres !!
Les initiatives Castors sont nombreuses et variées. A Angers c’est une journaliste qui anime les Commissions Familiales du Logement, à Bordeaux c’est un prêtre-ouvrier qui formule le mot « Castor » au Comité Ouvrier du Logement. A Lyon c’est un organisme plus intellectuel et plus « classe moyenne » la Chronique Sociale de France : groupement d’étude des phénomènes sociaux qui s’intéresse particulièrement au problème du logement. En cette année 1949, son secrétaire général, Laurent Lathuilière, de sa profession employé de bureau, militant CFTC, père de famille de 5 enfants, mal logé, se rend à Angers pour étudier « l’expérience Castor ». Il en revient enthousiasmé et écrit dans la revue de la Chronique Sociale de juin 1949, un article intitulé « Au pied du mur » (lire ici). « Je reviens persuadé du bienfait de l’autoconstruction. Il y a dans le geste de construire ensemble une recette de jouvence et un secret de santé !… ».
1949 – Fondation des Castors du Rhône
Laurent Lathuilière réunit en juin 1949 une équipe susceptible de créer une Association Castor dans le département du Rhône, avec les appuis financiers de Jean Pila, membre du Comité Interprofessionnel du Logement et président du CLAL (Comité Lyonnais pour l’Amélioration du Logement), d’Humbert Isaac, membre de la Caisse des Anciens Combattants, des appuis de militants : Eugène Lapeyre, des appuis de constructeurs : André Plaisantin de l’entreprise l’Avenir.
Des bénévoles participaient à ce mouvement, les commissaires Scout de France : Jean Cottier, François Dorbec et aussi Antonin Viannay, conseiller municipal à Sainte-Foy-lès-Lyon.
Un terrain pour une première expérience à Sainte-Foy-lès-Lyon
Ces administrateurs connaissaient un terrain à Sainte-Foy où se réunissent souvent les Scouts, qui pourrait être le lieu d’une première expérience. Cette propriété appartient à l’Archevêché de Lyon. Il se trouve que Jean Pila est également administrateur de la société « Lyon et Forez » qui gère les biens de l’Archevêché. Laurent Lathuilière connait à la Chronique Sociale le père Chartier un intime du cardinal Gerlier. C’est la conjugaison de ces opportunités que suit la rencontre au cours de laquelle le cardinal accepte de vendre une bande de terrain sur le haut de cette propriété pour y réaliser des maisons expérimentales en autoconstruction (au prix de 300 francs le m2).
1er août 1949 – ouverture du chantier des Castors de l’Archevêché
L’achat du terrain vendu à moitié de sa valeur est financé par le Groupement Social de l’Hygiène et de l’Habitat. les 4 maisons préfabriquées sur lesquelles s’est porté le choix de l’association en raison de l’urgence sont des chalets autrichiens « dommages de guerre » cédés par le Ministère de la Reconstruction à un prix avantageux et financés par la « Caisse des Anciens Combattants ». Les bénévoles pour construire les fondations seront les quatre bénéficiaires auxquels viennent se joindre des « Clans Routiers Scouts de France » et des amis, heureux et fiers de participer à cette expérience. En deux mois les sous sols sont réalisés et deux mois plus tard les 4 chalets sont assemblés. Le 1er janvier 1950 les quatre familles sont installées avec leurs 20 enfants.
C’étaient Laurent Lathuilière, employé, père de 5 enfants, Pierre Barnier, magasinier, père de 6 enfants, Gabriel Falcan, technicien chimiste, père de 6 enfants et Auguste Totobas, employé de police, père de 2 enfants. Chacun a fourni 200 heures de travail et 200 heures par des amis bénévoles. Les chalets sont revenus à 1 300 000 francs et un prêt sur 20 ans leur a été consenti.
Le samedi 20 janvier 1950 inauguration des quatre chalets. Pour cette cérémonie l’Association des Castors du Rhône avait tenu à inviter de nombreuses personnalités, civiles, militaires et religieuses afin de faire connaître cette première réalisation dans la région lyonnaise.
Avril 1950 – second chantier Castor de l’Archevêché
Devant la réussite de cette première expérience et vu l’intérêt manifesté par les pouvoirs publics, l’Association décide de poursuivre. Le secrétaire général, François Dorbec, suggère à Laurent Lathuilière et à son ami Chartier de retourner voir le cardinal et de lui proposer la cession du reste de la propriété soit 20 000 m2 sur lesquels on pourrait édifier 24 autres maisons. Le cardinal qui a vue sur place la bonne utilisation de ce terrain ne peut qu’accepter. Au prix déjà traité (300 francs le m2). Ce seront 6 millions de francs qu’il faudra trouver. Dans un premier temps, Antonin Viannay, membre du conseil d’administration mais aussi conseiller municipal avait pensé que la mairie pourrait financer l’achat du terrain, puis l’équiper et le revendre par lots. Mais le maire, Maurice Jarosson s’opposait à cette formule qui, disait-il, n’entrait pas dans les attributions d’une municipalité.
Il fut alors proposé au conseil municipal de financer seulement la mise en viabilité du terrain, afin, disait-il, de faciliter une opération sociale. Après des débats difficiles, une faible majorité se dégageait autour de Charles Roland et de François Linage, qui, le maire s’étant abstenu, peut faire voter la somme nécessaire pour amener l’eau, l’électricité et l’égout à la porte du chantier. Au cours de ces débats, François Dorbec, secrétaire général des Castors pu démontrer que cette association n’était pas une promotion immobilière mais une coopération de familles en manque absolu de logements. On peut lire ce texte dans un compte rendu de la séance du conseil municipal du 12 décembre 1950. Somme votée : 2 544 000 francs.
Le permis de construire des 24 maisons
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