Table des matières
La reconstruction après la deuxième guerre mondiale

En 1943, la ville de Lorient et les communes environnantes sont au coeur de la bataille de l’Atlantique et disparaissent pratiquement sous les bombardements des forces alliées.
A la fin de la guerre le département du Morbihan compte près de 30 000 sinistrés.
Le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (M.R.U.), créé en 1944, est chargé de reconstruire les villes détruites et de reloger les populations.
Pour faire face à l’urgence, une solution provisoire est retenue : la construction de « baraques », ce qui ne résout pas le problème de l’insalubrité des logements, tout particulièrement pour les classes populaires.
La Création du Service du Logement de la Marine Nationale et l’apparition des Castors
Devant la lenteur de l’opération, la Marine Nationale décide de créer, en 1954, un Service du Logement pour le personnel de l’Arsenal. C’est un plan de 1000 logements répartis en huit lotissements sur Lorient et Lanester.
C’est au sein de ce projet que naît l’aventure des Castors de Lorient, comme c’est déjà le cas depuis 1948 dans plusieurs villes de France, c’est un projet d’autoconstruction de logement par les futurs habitants eux-mêmes.
Deux de ces lotissements seront construits selon « la formule Castors »
C’est Jean Lagarde, ingénieur des Travaux Maritimes et directeur de la Coopérative HLM pour les personnels civils et militaire de la Marine à Lorient (et futur maire de Lorient de 1973 à 1981) et le syndicat Force Ouvrière qui proposent aux volontaires de l’arsenal de Lorient de construire leurs maisons à coût réduit, à condition qu’ils la construisent eux-mêmes.
Deux des huit lotissements prévus seront édifiés selon « la formule Castors » à Kersabiec et à Kerolay.
Kersabiec

Ce chantier fut le chantier n°3 de la Coopérative de la Marine, 26 employés de l’Arsenal s’étaient portés volontaires pour y participer. Un terrain de 6884 m2 fut acheté à Keryado au lieu-dit Kersabiec au nord-ouest de la ville à 3 km de l’Arsenal, sur la rive droite du Scorff.
Les travaux commencèrent le 1er décembre 1954, dans les mêmes conditions que celles de Kerolay. Eux aussi commencèrent par la fabrication de parpaings et dès 1954 – 70000 avaient été fabriqués.
Au prix du sacrifice de leur temps libre, de leur repos et de leur vie de famille, le 28 décembre 1956, les 26 bâtisseurs avaient terminé la construction des 26 maisons jumelées, Il y avait 2 F3, 18 F4 et 6 F5.
Groupées autour de la rue qui fut nommée en 1958 « Rue des Castors » elles purent accueillir les 26 familles.
Belle récompense pour commencer une nouvelle année !
Kerolay
Entre août et septembre 1954, la baraque du Syndicat FO, sur l’ancien champ de manoeuvres accueillait les volontaires et recueillait les inscriptions. A la fin de l’année 1954 ils étaient 49 prêts à se lancer dans l’aventure !
Le rôle de la Coopérative HLM
C’est la Coopérative HLM qui se chargeait de la gestion juridique, administrative et financière. Elle acheta le terrain, fit la demande de prêts, teint les comptes des Castors, assura l’achat en gros des matériaux et la location du matériel de chantier. Une fois le chantier terminé et les familles installées, elle collecta les loyers en remboursement des emprunts.
Elle sélectionna un architectes de la reconstruction, René Delayre, pour réaliser les plans des maisons, qui doivent être modernes, confortables et fonctionnelles.
Il fut décidé de construire les quarante-neuf maisons nécessaires, en maisons mitoyennes dont trente F4, dix-huit F5 et un F6.. Elles seront toutes identiques (cuisine, salle à manger, chambres, salle d’eau et wc, petit jardin) , cette standardisation permettant de construire plus rapidement.
Elle demande le détachement d’un dessinateur de la direction des Travaux Maritimes, Emile Le Borgne, lui-même Castor, pour réaliser l’implantation des maisons et suivre le bon déroulement de la construction.
Le choix du terrain
Le choix s’arrêta sur un terrain à la limite alors de la ville, au rond-point de la Puce. En août 1955, l’achat était effectif, les Castors durent s’attaquer à la démolition du corps de ferme qui s’y trouvait et aux murs de remonte de la caserne Frébault (les pierres serviront à faire la route).
La première pierre
La première pierre fut posée le matin du 26 février 1956, dans un froid glacial et la neige en présence du Vice-Amiral André Sala, nouveau commandant des Forces navales alliées du secteur centre Europe. le travail des constructeurs pouvait commencer.
La contribution de chaque Castor
Chaque postulant Castor devait s’engager à consacrer au moins 25 heures de travail mensuel sur le chantier ainsi que les quinze jours de congés dont ils bénéficiaient à cette époque là.
La moyenne des heures de travail effectuées par chaque Castor se situera environ entre 2600 et 3000 heures.
la fabrication de parpaings
Déjà en janvier 1955, en attendant le règlement de tous les problèmes administratifs, juridiques et financiers pour ne pas se démobiliser les Castors commencent la fabrication des parpaings.
Mais les prêts ne sont pas encore accordés et chacun doit verser 50 000 francs. Cet argent servira à acheter une bétonnière, une vibreuse ainsi que le ciment et le sable nécessaires.
La fabrication des parpaings se faisait les mercredis, samedis et dimanches par équipes de huit. La production journalière était entre 1 000 et 1 200 unités de 15 x 40 cm et demandait entre 55 à 60 sacs de ciment de 50 kg. l’évacuation du séchoir se faisait le mardi soir après le travail.
Fin juillet 1955, 100 000 parpaings environ avaient été fabriqués.
Tracé des routes et implantation des maisons
Conformément à la mission qui lui avait été assignée, Emile le Borgne décida du tracé des routes sur une largeur de 5.50 mètres. Le creusement fut fait à la pelle et à la pioche. Afin que le camion puisse circuler ces nouvelles voies furent empierrées à la main, avec les cailloux de récupération des démolitions des bâtiments de ferme.
Emile le Borgne effectua ensuite l’implantation des maisons. Maintenant il fallait construire !
La construction
Il fallut creuser les fondations, coffrer et les remplir de béton et de pierre, puis une équipe effectua la mise en place des évacuations sanitaires.
Puis des entreprises du bâtiment prirent le relais pour le gros oeuvre : élever les murs, couler les planchers de béton, réaliser les cloisons de briques et de plâtre et le moment venu la couverture en ardoise et la zinguerie.
Les murs montés, les Castors reprennent la main pour réaliser les charpentes, le chevronnage et les voliges des toitures. Les maisons étant hors d’eau ils s’attaquent à la pose des fenêtres, des portes, des lambourdes des planchers et des tubes d’électricité.
Après la pose des carrelages et des enduits extérieurs par une entreprise spécialisée, furent réalisés le sanitaire, les finitions des boiseries et l’électricité.
Chacun a ensuite fait ses peintures et tapisseries et plus tard les extérieurs (clôtures, allées, ciment des garages, etc…).
Eté 1957 – Les maisons accueillent enfin leurs habitants
Au cours des mois de juillet et août 1957, les maisons terminées, les 49 familles s’y installent dans le confort, avec bonheur et la fierté de cette magnifique réalisation.
Mais tout n’était pas terminé
Mais tout n’était pas terminé, les routes avaient été défoncées par la pose des canalisations d’eau, de tout à l’égout et du gaz. Il fallut les refaire en posant les bordures de trottoir que les Castors avaient réalisées dans des moules en bois, le soir à la fin de la construction des maisons
Qui sont les Castors de Lorient ?
Contact
Pour contacter le/la correspondant(e) de la Cité : citescastorsdefrance@free.fr
Pour en savoir plus aller sur le site internet de la Cité : https://castorskerolaylorient.jimdofree.com/
Pour consulter le site Archives du Mouvement Castor « Fonds Roger Blanc » : http://www.cites-castors.com/