Table des matières
Quatre Cités Castors ont été construites sur la commune de Saint-Pol-de-Léon
Ty Dour – 1951 / 1954 – 44 maisons
Keralivin – 1951 / 1954 – 31 maisons
Kervarqueu – 1953 / 1956 – 80 maisons
Les Bruyères – 1956 / 1959 – 100 maisons
L’histoire de ces quatre Cités Castors d’après J. Henri
Saint-
Mais ce dont je me propose de vous entretenir aujourd’hui, est une autre sorte de record. Il s’agit de « l’odyssée des Castors », le mot n’est pas trop fort, car il s’agit vraiment d’une aventure, et d’une réussite de construction de cités ouvrières, qui constitue une référence dans toute la France.
Pol Pasquet (au centre) et ses compagnons
A partir de 1949, Pol Pasquet, employé à la Société Lyonnaise d’Entreprise à Morlaix, eût l’idée de lancer à Saint-
Pendant ces années d’après-
Une équipe d’hommes qui ont contribué à la réussite de cette « aventure ».
Il aura fallu tout le courage et la persévérance d’une poignée d’individus pour réaliser, et mener à bon terme ce projet que d’aucun trouvait utopique.
En premier lieu, Pol Pasquet, initiateur de ce projet, il avait compris dès le début, que le logement était primordial pour nombre de familles Saint-
Plus tard, vinrent se joindre à la première équipe, d’autres bonnes volontés, François Guézennec, premier président du C.O.L. II, et puis Baptiste Ménez, Paul Lavanant et Paul Cuiec, chargés de trouver l’argent nécessaire.
Des autorités de plus en plus nombreuses, au vu des premières réalisations, apportèrent leur appui très précieux, pour résoudre tous les problèmes administratifs et autre, en l’occurrence : Mgr Fauvel, évêque de quimper et de Léon, M. Jean Chapel, préfet du Finistère et ancien Saint-
L’entreprise, prenant de plus en plus d’importance, un directeur permanent fût nommé, en la personne de Laurent Ollivier, toujours disponible, très actif et véritable meneur d’hommes, il occupa ce poste jusqu’à la fin complète des travaux.
L’organisation
Pour pouvoir justifier d’une existence légale, toute société doit établir des statuts. C’est ce que le premier C.O.L. (Comité Ouvrier du Logement) s’est empressé de réaliser. Le plus ancien, dont je n’ai pu retrouver la date, et qui je pense est issu de la visite d’Henri Le Mat, et Louis Guilcher à Pessac du 27 au 30 octobre 1950, a constitué la première étude de statuts. En mai 1951 un autre projet a vu le jour, il recèle deux versions légèrement différentes ; enfin les statuts définiti ont été déposés chez Maître Guivarc’h, notaire, et enregistrés à Saint-
Le fait que la première pierre du chantier de Ty-
Ces premiers statuts, signés de François Guezennec, établissaient une Société Anonyme Coopérative à capital et personnel variable, se référant aux lois de 1947, 1950, 1953, 1867 ! relatives aux aides à la construction ; ils concernaient 86 maisons pour un capital de 3 040 000 francs soit 3 040 actions de 1 000 francs. Je ne sais pas vous infliger la lecture de ces statuts comportant 16 pages, et dont l’original se trouve en possession de H.T. Corre.

En plus des statuts, il fallait un règlement intérieur, pour l’ordre et la bonne entente des adhérents. Je relève quelques phrases de ce règlement, le premier de janvier 1951 et le second de mars 1952 :
« Dans la société actuelle, nous sommes individuellement des faibles et des exploités… Mais un fort ne peut rien contre des faibles qui s’unissent… Nous ne bâtirons pas chacun notre maison, mais nous bâtirons ensemble notre cité… Nous ne voulons pas de celui qui compte sur les autres pour ne pas se fatiguer… Il faut que chacun se donne au maximum, jusqu’à ce que toutes les maisons de la cité soient construites. Chaque sociétaire devra verser mensuellement dès janvier 1951, 3 000 francs au compte-
La valeur des heures de travail de chaque sociétaire, équivaudra au taux horaire de 85 francs (tarif des emballeurs).
Tout sociétaire, où toute personne travaillant pour un sociétaire, surpris en état d’ébriété sur les chantiers, en sera exclu immédiatement, et le sociétaire sera éliminé de la société. »
Le second règlement intérieur, de mars 1952, durcit les conditions particulières :
« Chaque sociétaire est tenu de fournir en personne, jusqu’à la fin des constructions, un minimum de 36 heures de travail par mois, plus deux semaines de ses congés personnels.
Les sociétaires à qui seront attribuées les maisons, avant l’achèvement de la cité, devront fournir un apport de travail supplémentaire et gratuit fixé à 8 heures par mois, en plus des 36 heures prévues.
Tout Castor qui introduira sur le chantier des boissons alcoolisés, (y compris le vin) Sic, fera l’objet d’une exclusion immédiate, sans qu’il soit nécessaire de convoquer la Commission de Discipline. »
Par contre, il revient sur la philosophie du groupe en ces termes :
« Le principe même du système Castors, étant la solidarité, chaque Castor doit considérer comme un devoir absolu, de remplir fidèlement ses obligations, de porter aide et assistance à ses camarades, de ne commettre aucune faute professionnelle ou négligence, susceptible de nuire à l’Association, ou à la Société, ou de léser un de leurs membres. »
La réalisation
Mais, n’est-
Pol Pasquet, avait des entrées faciles au château de Kernévez, sa mère y travaillant ; il rencontra donc Monsieur De Guébriand, propriétaire de nombreuses terres, cultivées ou non, aux environs immédiats de la gare de Saint-
Ceci se passait en décembre 1950, et les travaux débutèrent immédiatement, puisque la première pierre de ce lotissement fût posée le premier mai 1951.
Ce premier succès apporta la confiance, et le nombre de demandeurs s’accroissant de jour en jour, il fallût prévoir l’achat d’autres terrains ; ce fût le tour de Keralivin, quartier situé plus bas, en direction du centre-
L’expansion se continua par les secteurs de Kervarqueu et Kerenec, propriété encore de M. De Guébriand, situés entre la rue de Brest et les fermes précitées. Seule condition réclamée pour cette transaction : le propriétaire se réservait une bande longeant la rue de Brest, pour des constructions particulières, et je me suis laissé dire que la place actuelle, servant de parking, était retenue pour la construction d’une chapelle et de jardins d’enfants ; elle devint en réalité l’implantation d’une fabrique de parpaings pour les Castors, d’où son nom de « Place aux briques ». Cela nous mène pour ce chantier, à fin septembre 1953. Il fût très difficile au départ : araser les talus, combler les fossés, détourner le ruisseau de Kerenec, assainir le fond de la prairie ; ici il faut signaler le concours bénévole de nombreux cultivateurs, voulant se débarrasser de la terre de leurs talus – la mode était à l’arasement des talus – et qui possédaient déjà des tracteurs et engins mécaniques. Une autre difficulté se faisait sentir du côté de la mairie pour les servitudes : tracé des routes, paiement des poteaux électriques, des canalisations d’eau, de gaz, d’égout, empierrage des rues… M. Chanquelin, architecte du M.R.L. réussit à régler certains problèmes, en particulier le tracé de l’avenue du général De Gaulle, il ne voulait pas de maisons collées les unes aux autres qu’il baptisait « cimetière ».
En 1956, le chantier du C.O.L. II, était bien avancé, il fallait continuer, le terrain possible, et qui avait la faveur de Laurent Ollivier était Goarem Vegen, c’est-
Lors de son allocution d’inauguration, le préfet Jean Chapel déclara : « J’ai inauguré bien des premières pierres et des cités, mais pour moi, celle-
Le financement
Si l’argent s’avère être le nerf de la guerre, il est aussi le sang de toute entreprise.
En plus des terrains, il y avait tous ces matériaux à payer, la caisse toujours vide, obligeait à rechercher de l’argent auprès des particuliers. Paul Lavanant et Paul Cuiec, usèrent de leur compétence pour trouver près des cultivateurs principalement, des capitaux disponibles ; cette période était heureusement favorable à la culture : bonne récolte et prix intéressants.
Dès juillet 1953, Baptiste Ménez et Paul Cuiec se mirent en route pour solliciter des fonds, ils furent appelés « Les frères quêteurs », et leur tâche n’était pas plus facile que leurs frères constructeurs… A partir de mai-
Quelques exemples intéressants : il s’agit de chiffres concernant la cité Kervarqueu.
Récapitulation des actions des sociétaires :
12 sociétaires pour 40 actions……… 4 800 francs
63 sociétaires pour 35 actions……… 22 050 francs
4 sociétaires pour 30 actions……. …. 1 200 francs
79 28 050 francs
Montant des apports en espèce faits par les actionnaires :
De 230 à 408 francs soit 35 999 francs
Montant de l’apport travail fourni par les sociétaires :
92 567 heures x – 1 franc 40 = 129 594 francs
Total 193 643 francs
Montant des souscriptions pour l’emprunt concernant la Cité de Ty Dour :
Saint-
Plougoulm 2 745 000
Plouénan 1 825 000
Sibiril 1 110 000
Roscoff 840 000
Mespaul 785 000
Santec 230 000
Taulé 70 000
Cléder 55 000
Nos remerciements à la Municipalité de Saint-
Contacts
Pour contacter les animateurs du portail internet : citescastorsdefrance@free.fr
Pour consulter le site Archives du Mouvement Castor « Fonds Roger Blanc » : http://www.cites-castors.com/