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Une naissance fortuite de l’essor de l’accession à la propriété
C’est aux environs des années 1950, qu’un jeune ménage fut appelé à s’enquérir d’un logement, afin de libérer les deux pièces qu’il occupait dans une maison promise à un proche parent de la propriétaire. Malgré les relations, et toute la sympathie dont jouissait ce jeune ménage, il lui fut impossible au départ de trouver à se loger décemment.
Devant ces difficultés, il fut aisé de comprendre que le problème du logement, aggravé par les destructions de la guerre, et l’augmentation de la population, allait s’accentuer d’année en année si rien de positif ne devait être entrepris.
C’est alors qu’une obsession grandissante s’empara de celui qui venait de faire cette pénible constatation.
Opportunité offerte par l’association « Castors »
Au printemps 1952, à la suite d’une première réunion qui groupait environ 45 chefs de famille, l’idée était lancée. Il fallut cependant beaucoup d’audace et de persuasion pour que cette idée, neuve et quelque peu révolutionnaire, puisse s’ancrer dans l’âme des plus sceptiques, car beaucoup de ces ouvriers avaient perdu tout espoir de pouvoir loger décemment leur famille.
Naissance de « l’Association des Castors du Fliers »
Avec l’appui indispensable de Jean Garry, Pdg de la société des Sucreries du Marquenterre, de André Chimot, ingénieur en chef de fabrication, de Jules Chochoy, maire de Rang-du-Fliers, assisté par Roger Cornu, secrétaire général de la mairie, « l’Association des Castors du Fliers » était née et les travaux démarraient le premier samedi du mois d’août 1952.
L’Apport-Travail
l’apport travail de chaque candidat permettait de réduire de 30 à 40% le coût de la construction, ce qui ramenait l’opération, terrain compris, au montant du prêt du Crédit Foncier, augmenté de la subvention départementale et du prêt relais de la Caisse d’Allocations Familiales.
Epopée « riche » en difficultés
Mais cette épopée fut riche en anecdotes et en difficultés !
L’abandon de certains : le nombre des adhérents diminua de moitié dès les premiers mois de mise en route des travaux. Les uns avaient abandonné par manque de confiance dans l’opération, les autres avaient cédé à la pression de quelques défaitistes détracteurs.
Le regroupement de parcelles de terrain pour bâtir la Cité : le lotissement regroupait sept parcelles de terrains appartenant à des propriétaires différents, ce qui compliquait encore la besogne. Pour fléchir les propriétaires, il fut même fait appel aux bons offices de M.Letourneux, sous-préfet de Montreuil-sur-Mer, qui accepta de venir en personne pour faciliter les transactions, usant discrètement de son autorité et de sa représentativité.
L’étude de Maître Rigaux à Saint-Josse se vit confier l’inextricable dossier de cette affaire. Il est même arrivé d’entreprendre des ouvrages sur des parcelles ayant appartenu à des héritiers mineurs, situation qui interdisait, par la suite, le bénéfice d’un prêt à la construction et que seul un jugement pouvait dénouer.
Les tergiversations des élus municipaux
Il est intéressant de rappeler comment fut obtenu la participation de la commune à la réalisation du lotissement, ce qui s’appelle de nos jours « la garantie d’emprunt ».
Malgré toutes les assurances sur la légalité de l’opération, confirmée par M. Dumanger, receveur et percepteur à l’époque, la majorité des élus restait sceptique. On ne saurait trop leur en tenir grief, car rien de semblable n’avait été tenté dans la circonscription, et tout pouvait laisser croire à cette aventure périlleuse !
C’est au cours d’une réunion du Conseil Municipal qui devait décider de cette opération, que toutes les familles intéressées, femmes et enfants compris, prirent place dans la salle de la mairie pour assister aux débats.
Et c’est ainsi que l’unanimité fut obtenue, alors que la veille encore les plus sceptiques affirmaient à qui voulait l’entendre que ce projet ne verrait le jour que lorsque « les poules auront des dents »… On ne sait si les poules ont eu des dents depuis…
Une réussite

Les 21 logements furent construits au cours des années 1952 – 1955, non sans peine, mais ils le furent quand même et dans des conditions de prix de revient fixées au départ. Les loyers oscillèrent entre 3 000 et 10 000 anciens francs par mois, suivant le montant de l’allocation-logement. Ceux qui abandonnèrent devaient, plus tard, le regretter.
Pourquoi pas nous ?
Cette réussite devait faire naître une conception nouvelle dans l’esprit des chefs de famille :
« Ce que les uns avaient tenté, et réussi, les autres pouvaient le faire ! »
La passion de la truelle et du ciment s’empara des plus humbles et c’est ainsi que poussèrent, comme des champignons, aux quatre coins de la commune, des maisons saines et décentes, qui valent aujourd’hui, ce qui ne gâte rien, deux à trois fois leur valeur d’origine.
Celui qui avait au départ relancé l’idée de l’accession à la propriété, devait militer sans cesse, de par sa profession, en faveur du logement. En effet, n’oublions pas que, pour construire leurs masures en torchis, nos ancêtres s’associaient pour mener à bien leur ouvrage, car il ne leur était offert ni emprunt, ni subvention.
C’est pourquoi, au cours de la décennie qui suivit, la cadence de construction se situa aux environs de 15 ou 20 maisons par an, avec un éventail de lotissements mettant sur le marché foncier quelques cent parcelles loties ou en préparation, et les possibilités en ce domaine pouvaient être aisément doublées.
Il se confirme ainsi que « les petites choses » ont souvent de grands effets,
c’est pourquoi il est souvent nécessaire de sortir des sentiers battus et de vaincre les préjugés !
Contacts
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Pour consulter le site Archives du Mouvement Castor « Fonds Roger Blanc » : http://www.cites-castors.com/