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Cités Castors de France

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Les Castors de Rosporden – Finistère

Table des matières

  • Jean Dahéron
  • Une vie au service des autres
  • 1950
  • « Les Dahéron » créent Le Toit Rospordinois
  • Le financement
  • L’organisation
    • Des commissions furent mises en place :
  • La physionomie de la Cité et des maisons
  • Le chantier
    • Pour mener ce chantier, Ils devaient :
    • Les matériaux étaient approvisionnés localement :
    • Les entreprises locales ont été sollicitées :
  • Enfin dans leurs meubles
  • Ce que leur maison leur a coûté
  • Ils sont (presque) tous là
  • Contacts

Jean Dahéron

« Il y a cinquante ans, trente deux familles aux revenus modestes, ouvriers et petits fonctionnaires, logés dans des conditions inhumaines, jusqu’à six personnes dans deux pièces, sans confort et pour plusieurs éloignées de leur lieu de travail de plusieurs kilomètres et ne possédant pour s’y rendre qu’un simple vélo.
Prenant en main leur destin, d’un commun accord tous les hommes décidaient de sacrifier leurs jours de repos, dimanches, jours fériés et souvent leurs soirées, apportant leur travail afin d’amoindrir le coût de de la construction et obtenir des prêts à long terme auprès des organismes existants qui à l’époque étaient peu nombreux.
Pendant trois longues années de durs travaux, chacun avec ses moyens, mais toujours dans la bonne humeur malgré la fatigue, luttant jour après jour pour un même objectif : bâtir sa maison.
Le 21 novembre 1954, jour tant attendu pour l’inauguration de la cité, le bonheur et la fierté se lisaient sur le visage de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants devant leurs maisons solides et spacieuses avec jardin attenant.
Pour toutes ces familles, une nouvelle vie commençait. Les Castors avaient gagné une grande bataille pour le logement. »
Jean Dahéron
Président fondateur des Castors 

Une vie au service des autres

Jean-Pierre Le Cloirec, fils de Castor de Rosporden, rend hommage à Jean Dahéron (lire ici)

1950

Reportons-nous quelques années en arrière : en 1950, et imaginons notre coin de pays l’Aven au sortir de la guerre.
Il est comme partout difficile de se loger. Peut-être plus à Rosporden car les usines de chaussures, les conserveries, le bâtiment, attirent beaucoup de jeunes ménages des communes environnantes.
Peu de voitures et de transports en commun. Seul le vélo permettait le déplacement. Il était donc impératif de se loger au plus près de son  lieu de travail.

« Les Dahéron » créent Le Toit Rospordinois

C’est dans ce contexte que Jean Dahéron et son épouse, tous deux natifs respectivement de Saint Yvi et d’Élliant se mettent en quête d’un terrain pour bâtir.
Ils trouvent un terrain de deux hectares à la sortie de Rosporden sur la route d’Élliant, au lieu-dit Le Roudou qui est acheté par la société de HLM La ruche finistérienne, mais cette dernière ne peut faire construire et rétrocède la terrain à la SCI Le toit rospordinois que les Dahéron ont créé avec un certain nombre de personnes qu’ils ont contacté pour se lancer dans l’aventure et ce malgré l’argent qui faisait défaut à l’ensemble des postulants.

Ils sont 32, L’aventure des Castors rospordinois pouvait commencer…

Le financement

Lancement de l’emprunt

Le coût total de l’opération se chiffrait à 32 x 3 200 000 soit 102 400 000 francs.
Le concours du Crédit foncier fut sollicité. Il ne versait que 70% du montant total des travaux. Il fallait pour cela remplir deux conditions : que les maisons soient hors d’eau et la contribution se limitait à 2 100 000 francs au taux de crédit de 5%.
Il fut donc fait appel à la population sous la forme d’un emprunt à 6% garanti par la municipalité de Rosporden. Un Comité de patronage se chargea de l’opération.
Pour que le projet puisse aboutir il fallait un apport gratuit de main d’œuvre.

Malgré la faiblesse de la trésorerie le Conseil d’administration décide de donner le coup d’envoi des travaux le 9 mars 1953 …

 

L’aide généreuse d’un mécène
Rencontré lors d’un voyage par Bertrand Le Barillec, un riche chilien vivant à Neuilly, Arturo Lopez, séduit par le projet fit un don de 450 000 francs et un prêt sans intérêt de 1 500 000 francs.

L’organisation

Pour mener ce chantier, Ils devaient : Acquérir un camion, payé 1 000 francs aux transports Sellin-Mahé. (le camion à été revendu en 1954, au même prix, aux Castors du rail d’Ergué Armel)
Discuter les prix, payer les factures Embaucher des tâcherons et les payer, Coordonner les travaux, Approvisionner le chantier en matériaux : sable, pierre, tuffeau, ciment … Fabriquer les agglos, les poutrelles en béton …

Des commissions furent mises en place :

  • Finances : Albert Giraud – Jean Dahéron
  • Travaux : Yvon Quentrec – Christophe Le Cloirec
  • Chantier : Jean Le Roux – Raymond Quintin
  • Appels d’offre et achats : Jean Dahéron – Yves Bleuzen

Les achats se payaient comptant et les prix étaient âprement discutés ; chaque accédant à la propriété devait obtenir son toit le moins cher possible.

Le Conseil d’Administration sur le chantier

 

 

Visite du Conseil d’administration sur le chantier.

De gauche à droite :
Albert Giraud (trésorier), Jean Le Roux, Christophe Le Cloirec, Yvon Quentrec, Jean Dahéron (président).
Etaient aussi membres du Conseil d’administration : Yves Bleuzen, Bertrand Le Barillec, Pierre Marion et Raymond Quintin

 

La physionomie de la Cité et des maisons

Les plans de masse, de situation furent réalisés par l’architecte Philippe de Brest, le traçage des 32 lots de 600m 2 environ, travail laborieux fut fait gratuitement par Raymond Duigou, géomètre.
Les Castors ont voulu des maisons solides et viables, ainsi pas de balcons, de pierre de taille, de chauffage central, de garages, de baraques de jardin
Elles se composent ainsi :

  •  une buanderie, livrée sans dallage, une cheminée dans le pignon
  • l’entrée principale en pignon
  • un escalier de 4 ou 5 marches en bois ou en ciment dessert une cuisine et une salle à manger, les toilettes au niveau de la buanderie, sous l’escalier d’accès à l’étage.
  • un escalier en bois conduit à l’étage et dessert trois chambres et une salle de bain (lavabo et douche).

Le chantier

Pour mener ce chantier, Ils devaient :

  • Acquérir un camion, payé 1 000 francs aux transports Sellin-Mahé. (le camion à été revendu en 1954, au même prix, aux Castors du rail d’Ergué Armel)
  • Discuter les prix, payer les factures
  • Embaucher des tâcherons et les payer
  • Coordonner les travaux
  • Approvisionner le chantier en matériaux : sable, pierre, tuffeau, ciment …
  • Fabriquer les agglos, les poutrelles en béton …

Les matériaux étaient approvisionnés localement :

  • Le sable de Concarneau et Trévignon
  • Le mâchefer de la gare de Quimper
  • Les moellons de chez J. Goarant – Penprat – Cadol
  • Le tuffeau de chez Jeannès à Élliant
  • Le ciment était livré directement par chargements de 20 tonnes en sacs de 50kg par les transports Le Dez

Les quantités de matériaux à transporter étaient si importantes que des patrons rospordinois ont mis gratuitement leurs camions à la dis position des Castors :

  • la Coop Saint-Yvi,
  • les Propriétaires réunis,
  • la conserverie Nicolas,
  • la menuiserie Troalen-Le Bec
  • ainsi que des cultivateurs qui prêtèrent charrettes et chevaux.

Les entreprises locales ont été sollicitées :

  • Nio pour l’électricité
  • Gleonec frères et René Le Gall pour le plâtre
  • Pensec pour les portails
  • Troalain-Le Bec pour la menuiserie.

Enfin dans leurs meubles

Les Castors travaillèrent d’arrache-pied pour livrer en un temps record les 32 maisons jumelées. La première pierre posée le 9 mars 1953, la dernière maison fut terminée le 30 septembre 1954. L’inauguration eut lieu le 21 novembre en présence des personnalités municipales, cantonales, religieuses, des artisans, de l’architecte, tous conviés au vin d’honneur servi dans la cabane.

Le week-end suivant un bal fut organisé chez le Gall, au Modern dancing rue Le Bas avec le concours d’un orchestre réputé.

La vie aux Castors : les jeunes s’occupent

La vie dans le quartier s’organise et les enfants animent les rues, avec d’interminables parties de football, « le bout » contre « le fond ». Beaucoup étaient licenciés à l’ASR et certains, tels les frères Quentrec y firent une belle carrière. C’étaient aussi les courses de vélos, organisées au moment du Tour de France dont ont suivait les arrivées sur les « transistors ». La cueillette des petits pois et des haricots venaient dès 10-13 ans remplacer les jeux. Avec l’équeutage des haricots qui s’organisait dans les familles cela faisait un complément de revenu. Les plus grands allaient travailler aux conserveries pour la saison d’été. Les « mousses » travaillaient tous les jours, y compris le 14 juillet et le 15 août.
Le corso fleuri a été pour les castors l’occasion de montrer leur inventivité. On se souvient des « Castors sous la lampe » ou de la Montgolfière. Les préparatifs amusaient petits et grands, qui occupaient leurs soirées à la confection de fleurs en papier qui étaient ensuite fixées sur le char, suivant le décor retenu. les femmes prenaient une part active à la réalisation de l’œuvre.

Ce que leur maison leur a coûté

Outre les longues heures de travail passées sur le chantier pendant trois ans, chaque maison aura coûté à son propriétaire la somme de
1 785 000 francs y compris le terrain, les clôtures, les intérêts du capital emprunté pendant la durée du chantier. Une économie de 50% environ a été réalisée.
Au terme de l’aventure, il restait en caisse 20 000 000 de francs qui furent versés au Crédit foncier pour clore l’emprunt. Ceci a été possible grâce au travail acharné des 32, une volonté tenace d’aboutir et à une gestion rigoureuse.
Par acte notarié en 1956, chaque Castors devint propriétaire de son bien et la société le Toit rospordinois fut dissoute. L’esprit Castor demeure et se transmet.
Puisse cet exemple servir aux jeunes générations.

Ils sont (presque) tous là

Absents sur la photo : Jérôme et Anna Creac’h – André Calvez – Maurice Bardain – Pierre et Anna Riou et leurs enfants Pierre et Patrick


Cette présentation est la reproduction de l’exposition « 32 Castors dans l’effort » réalisée en octobre 2015 par l’association Histoire et Patrimoine du Pays de Rosporden
 

Contacts

Pour contacter le correspondant de la Cité : jp.lecloirec@orange.fr
Pour contacter les animateurs du site : citescastorsdefrance@free.fr
Pour consulter le site Archives du Mouvement Castor « Fonds Roger Blanc » : http://www.cites-castors.com/

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