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Cités Castors de France

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Le portail du mouvement d'autoconstruction Castor

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La Cité Fleurie – Castors de Saintes – Charente-Maritime

« Tous pour un, un pour Tous »

Table des matières

  • L’après-guerre et la crise du logement
  • Mars 1950 : naissance des Castors saintais
  • Une expérience originale d’auto-construction
  • Des pavillons confortables
  • La Cité Fleurie
  • L’Association la Floréal et la salle des fêtes le Camélia
  • Des Castors au Baticoop
  • Contacts

L’après-guerre et la crise du logement

1944 : le 24 juin, puis le 14 août, les alliés bombardent la ville de Saintes occupée par les Allemands. On dénombre 96 morts dans la population civile et près de 200 blessés. 223 immeubles sont totalement détruits. 1200 sont fortement endommagés. La gare, son quartier et le secteur de la rue Emile Zola sont les plus touchés. Avec l’aide de l’Etat, la reconstruction commence en 1948 ; un plan d’urbanisme veille à son unité architecturale et à son intégration dans le tissu urbain. Des cités provisoires en bois sont édifiées dans différents quartiers (37 logements route de Chaniers, 11 à la Fenêtre…) ;  55 appartements  sont aménagés à l’ancienne caserne Taillebourg pour les sinistrés de Saintes et de Royan. Pourtant, à l’aube des années 50, la crise du logement sévit toujours à Saintes, confrontée à une pénurie de main d’oeuvre, notamment de maçons : les jeunes foyers et les ménages modestes en sont les premières victimes.

Mars 1950 : naissance des Castors saintais

Face à l’insuffisance de l’initiative publique, naît, le 3 mars 1950, une société coopérative de logements ouvriers : les Castors saintais. Quatrième expérience de cette nature en France, les Castors saintais prennent modèle sur le Comité Ouvrier du Logement de Bordeaux. Le mouvement des Castors, dont le nom fait référence à l’habileté de ces mammifères à construire leurs huttes, est créé en Suède en 1927.
Selon le principe d’auto-construction, chacun participe à la réalisation de son pavillon mais solidarité oblige, il travaille aussi à l’édification de toutes les habitations de la Cité, système qui réduit de 30 % en moyenne le prix de revient d’une maison. L’intervention d’un seul géomètre, d’un seul architecte, l’achat d’éléments de construction standardisés, de matériaux et d’outillage en gros contribuent à cette économie.
La société des Castors saintais, dont le siège est au café de la Poste, cours National, a une durée de 99 ans et un capital social de 5 millions de francs réparti en 500 actions.
Composée de 35 membres fondateurs, elle est administrée par 12 personnes, dont deux collègues de travail à l’origine du projet : Charles Prex (menuisier), nommé président du Conseil d’Administration et Jean Favreau (commis d’entreprise), secrétaire.
Le 26 juin 1950, les statuts sont approuvés par arrêté ministériel ; le 26 juillet, la société se voit accorder le bénéfice de la législation sur les Habitations à Bon Marché, ancêtres des HLM. Les Castors saintais, comme leurs homologues de La Rochelle, appartiennent à l’Union Nationale des Castors qui regroupe dès 1952, 214 équipes, sociétés ou associations dans toute la France et compte plus de 9000 logements.

Une expérience originale d’auto-construction

Mais l’originalité des Castors saintais réside dans leur complète autonomie : en majorité des techniciens du bâtiment (maçons, menuisiers…) ils refusent de faire appel aux entreprises et construisent leurs logements entièrement de leurs mains, chaque soir, après le travail, les jours chômés et lors de leurs deux semaines de congés annuels. Ceux qui ne donnent pas leurs 55 heures de travail par mois, se voient infliger une amende égale à deux fois le salaire horaire d’un professionnel du bâtiment par heure manquante ou le double des heures d’absence, le mois suivant ! Les maisons étant identiques, leur prix de revient est le même. Attribuées par tirage au sort, la société en demeure propriétaire jusqu’au remboursement par les familles occupantes, 25 ans au plus tard après leur achèvement. En outre, toute activité professionnelle est interdite dans la Cité.
Malgré le scepticisme de certains, l’initiative des Castors saintais reçoit le soutien financier de plusieurs organismes (Caisse d’Allocations Familiales, Conseil Général). Le Gaz de France installe gratuitement et garantit un emprunt à la Caisse des Dépôts et Consignations.
Le maire André Maudet, devient président d’honneur et avocat conseil de la société, au sein d’un conseil technique qui apporte une aide précieuse (architecte Morisseau, entrepreneur de travaux publics Monnier, entrepreneur en bâtiment Lacaille, industriel Gaquière…).

Des pavillons confortables

Pour bâtir les 58 pavillons de la Cité, il fallait un terrain qui ne soit pas trop éloigné de la ville. On le  trouve sur le plateau de Bellevue, au lieu-dit la Betterie, entre la route de Bordeaux et les ateliers des autobus de la Régie Départementale Aunis-Saintonge (ex-dépôt des Chemins de Fer Départementaux) ; Bellevue où n’existent alors que quelques maisons bâties avant la guerre, près de la Nationale, dominées par deux châteaux d’eau (mis en service dans les années 20) et la cheminé de l’entrepôt de gaz Mir (ancienne scierie Cayer).
Les terrassements commencent le 17 juin 1950 et le premier logement est terminé dès septembre 1950. L’habitation des Castors possède un toit à deux pans recouvert de tuiles creuses. Dépourvue d’étage, elle comprend une terrasse couverte, une salle de séjour, une cuisine, une salle d’eau (avec bac à douche et wc) et trois chambres munies de deux penderies. La décoration  (peinture et papiers peints) est laissé au choix des sociétaires. La plupart des maisons sont mitoyennes deux à deux par leur garage.
Leur disposition sur des parcelles de 450 m2 varie afin de rompre la monotonie de la construction. La voirie cherche aussi cette rupture par son tracé non rectiligne.

La Cité Fleurie

Le 16 janvier 1951, le député Max Brusset rend visite aux Castors pour soutenir leurs efforts. Lorsque le 2 décembre 1951 André Maudet scelle la première pierre de la seconde tranche du lotissement, une douzaines de pavillons sont en voie d’achèvement. Le 1er août 1952, 15 sont terminés et le chantier avance au rythme de deux maisons par mois. Lors de l’Assemblée Générale du 16 novembre 1952, la persévérance des Castors est enfin récompensée : sur 32 demandes, 16 logements sont attribués par tirage au sort, salle Saintonge, en présence du sous-préfet et du maire-adjoint Pierre Autès. Le même jour, une caisse de secours est fondée afin d’assurer le paiement des annuités des sociétaires malades ou décédés. Consécration pour les Castors saintais, le Ministre de la Reconstruction, Maurice Lemaire, en voyage dans le département, s’arrête à Saintes le 5 septembre 1953 : on lui présente la maquette de la Cité, il visite quelques pavillons habités et souligne que cette initiative mérite d’être encouragée et aidée. Lors d’une nouvelle Assemblée Générale, le 12 juin 1955, le président Prex annonce le prochain achèvement de la première tranche (32 logements) et la fin de la deuxième pour 1956 ; 38 maisons sont déjà édifiées. Le 13 décembre 1955, 22 familles bénéficient d’un nouveau tirage au sort ; enfin six maisons sont bâties entre la route de Bordeaux et l’avenue de Bellevue (rue des Glaîeuls).
Le lotissement des Castors devient la Cité Fleurie : les rues et les places portent, en effet, le nom de fleurs (avenue des Immortelles, place des Pâquerettes…) qui évoquent le printemps et le renouveau ; seule la place centrale, celle des Soucis, rappelle les difficultés rencontrées parfois pour mener à bien cette expérience.

L’Association la Floréal et la salle des fêtes le Camélia

(cliquer ici) pour lire la suite

Des Castors au Baticoop

En novembre 1969, les Castors saintais disparaissent au profit d’une société anonyme coopérative d’HLM : la Maison Charentaise Familiale (La Rochelle). Il reste alors une trentaine de sociétaires qui n’ont pas fini d’acquitter leur emprunt. Ainsi s’achève cette oeuvre qui a permis, sans apport d’argent, à de nombreuses familles modestes de se loger décemment.
Pourtant, si cette expérience d’auto-construction, pour le moins novatrice, ne s’est pas développée à Saintes c’est qu’elle fut, comme Jean  Favreau ne cessait de le rappeler, par ses moyens, trop antisociale.
Peut-on, en effet, admettre qu’un travailleur sacrifie pendant plus de cinq ans sont temps de repos pour se consacrer à une tâche aussi exténuante ?
Désormais, c’est l’association Baticoop qui va encourager, sans participation au travail et avec des aides financières, la construction par coopération.
Mais ceci est une autre histoire…

Texte de Frédéric Morin
Atelier du Patrimoine de Saintonge
juin 2000

 

Merci à Alain et Bernadette Boisson-Tapon
Castors de la deuxième génération, qui nous ont permis de faire ce travail de mémoire.
Ici devant leur maison des Castors de la Cité Fleurie.

Contacts

Pour contacter les animateurs du portail internet : citescastorsdefrance@free.fr
Pour consulter le site Archives du Mouvement Castor « Fonds Roger Blanc » : http://www.cites-castors.com/

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