Je suis moi aussi une fille des Castors du Merlan et voici ce que jai écrit en leur mémoire :
« Ode aux Castors du Merlan à Marseille »
Ils auraient pu être des milliers,
Cela viendra plus tard…
Sans logement, sans argent,
Ce n’était pas des va-nu-pieds
Simplement des courageux, des ouvriers
Des travailleurs et des parents.
Venus de toutes parts, mais surtout de Marseille
Ils s’appelaient Sorce, De Montis
Mignano, Charbonneau ou Cavaillès,
San Filippo Bouvier ou Mounif,
Palméro, Malfitano ou Erreip…
Pardon pour ceux que j’oublie….
A jamais dans mon coeur
Ils garderont leur place.
Pères de famille, sans refuser l’effort,
Prolongeant leur journée de labeur
Sans distinction de classe ou de races,
Pour donner un toit à tous les leurs
Bravant les coutumes et les us,
C’étaient des métallos, des maçons,
Des charpentiers, des carreleurs,
Portant à l’honneur Monsieur Bernus
Qui s’imposa à l’administration
Faisant d’un marécage la cité des travailleurs.
Toujours l’effort et peu d’argent,
Ils bâtirent les Castors du Merlan
Où d’autres viendront encore.
On disait d’eux des « miséreux »,
Des « squatteurs », des « sans-abri »,
N’empêche qu’ils étaient courageux.
Nous sommes fiers d’en faire partie
Nous, les enfants des Castors.
Nous étions tous frères et sœurs.
Nos pères s’entr’aidaient et parlaient fort.
Nous étions ceux dont on dira plus tard,
Des « quartiers Nord », des banlieusards.
C’est pas pour çà que nous, enfants,
N’avons brûlé ou dégradé en cassant.
Le respect de nos pères était notre devise
Et gare à celui qui se manquait :
Un père était là pour rétablir la mise.
Pas besoin de structures sociales
Ou de centres de loisirs,
Nos mères étaient nos surveillantes,
Nos infirmières, nos tendresses,
Pleines d’amour pour nous chérir,
Nous laissant jouer dans nos prouesses.
Voilà plus de soixante ans
Que nous vivions ici :
Mille neuf cent cinquante-trois..
Année de vie dure mais jolie…
J’en ai plus que çà, mais je n’oublierai pas…
Je veux leur dire ici
Tout mon respect tout mon amour
A ceux qui ont construit nos vies, nos jours.
Pas de mots assez grands
Pour dire plus d’un merci
A nos parents Castors du Merlan
Edith Cavaillès – Une enfant des Castors