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Cités Castors de France

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Auteur/autrice : Le Castor

Les Castors de l’Erdre ont 70 ans !

20 octobre 202121 octobre 2021 par Le Castor

Il s’en est allé…
Un nuage dans le ciel bleu de ces deux journées de fête !

Raymond Moreau en 2018

 

Raymond Moreau, le dernier bâtisseur, encore dans la Cité, le plus jeune à l’époque de la construction, a quitté sa famille, ses amis, les Castors…  la veille de la fête dont il se réjouissait par avance.

Lors de sa venue à Pessac pour le soixante-dixième anniversaire en 2018, son émotion au cours de son recit de la construction de l’Erdre avait touché tous les participants.
De retour à Nantes, « pour s’excuser » il nous a écrit une lettre pleine d’humanité et de tendre amitié, qui illustre bien ce qu’il était et l’esprit qui l’animait lui et les compagnons avec qui il a partagé cette belle aventure Castor.

Le film de la fête

Photos de Philippe Joalland – Montage de Marie-Pierre Joalland

Cliquer ici pour  le visionner

Patrimoine paysager à préserver

24 août 202125 août 2021 par Le Castor

Mérignac : Ils veulent perpétuer l’esprit des Castors

19 août 202119 août 2021 par Le Castor

Ode aux Castors du Merlan à Marseille

9 novembre 202010 novembre 2020 par Le Castor

Je suis moi aussi une fille des Castors du Merlan et voici ce que jai écrit en leur mémoire :

« Ode aux Castors du Merlan à Marseille »


Ils auraient pu être des milliers,
Cela viendra plus tard…
Sans logement, sans argent,
Ce n’était pas des va-nu-pieds
Simplement des courageux, des ouvriers
Des travailleurs et des parents.
Venus de toutes parts, mais surtout de Marseille
Ils s’appelaient Sorce, De Montis
Mignano, Charbonneau ou Cavaillès,
San Filippo  Bouvier ou Mounif,
Palméro,  Malfitano ou Erreip…
Pardon pour ceux que j’oublie….
A jamais dans mon coeur
Ils garderont leur place.
Pères de famille, sans refuser l’effort,
Prolongeant leur journée de labeur
Sans distinction de classe ou de races,
Pour donner un toit à tous les leurs
Bravant les coutumes et les us,
C’étaient des métallos, des maçons,
Des charpentiers, des carreleurs,
Portant à l’honneur  Monsieur Bernus
Qui s’imposa à l’administration
Faisant d’un marécage la cité des travailleurs.
Toujours l’effort et peu d’argent,
Ils bâtirent les Castors du Merlan
Où d’autres viendront encore.
On disait d’eux des « miséreux »,
Des « squatteurs », des « sans-abri »,
N’empêche qu’ils étaient courageux.
Nous sommes fiers d’en faire partie
Nous,  les enfants des Castors.
Nous étions tous frères et sœurs.
Nos pères s’entr’aidaient et parlaient fort.
Nous étions ceux dont on dira plus tard,
Des « quartiers Nord », des banlieusards.
C’est pas pour çà que nous, enfants,
N’avons brûlé ou dégradé en cassant.
Le respect de nos pères était notre devise
Et gare à celui qui se manquait  :
Un père était là pour rétablir la mise.
Pas besoin de structures sociales
Ou de centres de loisirs,
Nos mères étaient nos surveillantes,
Nos infirmières,  nos tendresses,
Pleines d’amour pour nous chérir,
Nous laissant jouer dans nos prouesses.
Voilà plus de soixante ans
Que nous vivions ici :
Mille neuf cent cinquante-trois..
Année de vie dure mais jolie…
J’en ai plus que çà,  mais je n’oublierai pas…
Je veux leur dire ici
Tout mon respect   tout mon amour
A ceux qui ont construit nos vies, nos jours.
Pas de mots assez grands
Pour dire plus d’un merci
A nos parents Castors du Merlan


Edith Cavaillès – Une enfant des Castors

L’histoire de la Cité du Merlan (ici)

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Souvenirs d’enfance aux Castors du Merlan à Marseille

14 avril 202011 novembre 2020 par Le Castor

J ai trouvé  votre adresse au hasard d’un site qui parle du mouvement historique des castors. J’ai grandi aux castors du Merlan où mes parents ont vécu jusqu’à leur fin.
Je suis la fille de Christiane et Guy Perez, anciennement au 2 allée des Ardennes.
Je viens d ‘écrire un texte qui s’inscrit dans mes souvenirs de quartier et c’est pour contextualiser ce récit que j ai cherché à documenter l histoire des castors.
De fait, je vous livre ce court texte il rappellera peut-être des souvenirs à quelques uns.
Pour ma part ce fut des années heureuses ».

Viviane Perez

Souliers vernis

C’était en fin d’après-midi. Un mercredi , et comme il n’y aurait pas classe demain, maman avait permis que nous ressortions jouer dehors. Ce n’était pas fréquent, sans doute que la belle lumière de cette fin de journée de printemps n’y était pas pour rien… Et puis, dans quelques jours, ce serait les vacances alors nous pouvions profiter. Il avait fait chaud dans l après midi… Le retour de la belle saison réjouissait les cœurs. De l’autre côté de la rue, tout près de la maison, se trouvait le « stade ».  À cette époque là, il n’avait de stade que le nom… Deux poteaux miteux surmontés d’une barre en travers à chaque extrémité, façon but de foot, fabrication des minots du quartier… Il fallait éviter de s’en approcher de crainte de prendre la barre sur la tête ! Pour le reste, une grande étendue de terre, bourbeuse l’hiver, craquelée l’été avec quelques îlots d’herbe verte, qu’on aurait difficilement appelée pelouse… De la baouque plutôt, comme on dit ici.
Chaque motte était sans doute responsable d’au moins une chute !
Donc, nous étions ressorties, radieuses, rejoindre les copains du quartier. Dans notre cité, tout le monde se connaissait, les pères avaient collaboré de longs mois pour faire sortir de terre, un après l’autre, chacun des soixante-quatre bâtiments qui constituaient les habitations d’un peu plus d’une centaine de familles. Une cité « castors » selon le modèle initié par des coopératives ouvrières locales après le terrible hiver 1954.
Chaque adhérent s’engageait à fournir un volume d’heures et à régler à crédit une somme correspondant à son tantième de participation à l’achat du terrain et des matériaux . A la fin, les lots avaient été attribués par tirage au sort, un logement plus un jardin pour chaque famille, et surtout adapté à la composition de celle-ci. Cette entreprise participative qui pouvait paraître utopiste au départ avait donné corps à un biotope où nous, les enfants, grandissions dans un climat bienveillant et sécurisé.
Ce soir là, nous étions nombreux à profiter d une permission exceptionnelle. Les plus grands devaient avoir dans les quatorze ans. Je faisais partie des plus jeunes. Il était annoncé de longue date que le stade allait être mis à niveau pour accueillir correctement les rencontres entre équipes de quartier. On devait y construire des vestiaires, réhabiliter le revêtement et même l’entourer d’une enceinte qui protégerait les nouvelles installations. Pour ce faire, avaient défilé une noria de camions-bennes et plateaux qui avaient déposé sur le site une grande quantité de matériaux de construction. Des piles de parpaings par ici, un empilement de sacs de ciments par là, un mikado géant de poutres en béton mais surtout une montagne de sable presque aussi haute que la maison des voisins.
C’était là l’objet de notre convoitise et le lieu du défit du jour. Les inventeurs-meneurs du jeu avaient tout de suite édicté la règle: « Tenter d’atteindre le
sommet de la fausse colline ». Nous étions déjà plusieurs compétiteurs mais la butte était si large que nous pouvions tous nous y essayer. Inutile de préciser que cette dune résistait bien à nos assauts. Ma sœur avait commencé par me dire que nous risquions de nous faire gronder en rentrant. Maman n’aimait pas l’idée qu’on se salisse « par plaisir ». Tomber, être éclaboussé par hasard, cela pouvait passer mais se rouler dans le sable, hormis au bord de la mer, c’était exclu.
Cependant le plaisir était grand de tenter cette escalade. Plus le sable nous tenait tête et plus nous insistions ! Il faut dire que c’était le plaisir de la plage et de la fête foraine réunis. Au début, le sable était tiède, les rayons du soleil ayant chauffé toute la journée sa surface grise. On montait, deux pas, six pas, en levant bien haut le genou pour gagner du terrain… Et aussitôt, on redescendait d autant, s’enfonçant jusqu’aux cuisses dans ce sable rugueux et doux à la fois qui dégageait une odeur humide. Maintenant qu’on l avait brassé, la couleur gris pâle de la surface s’assombrissait au fur et à mesure que notre labour progressait. La marmaille s’en donnait à cœur joie, nous devions être une bonne trentaine à exercer ainsi nos talents de grimpeurs, dans la bonne humeur. Qui riait, qui s exclamait surpris dans sa glissade ! L’autre l’interpellait, se moquait, un troisième tendait la main et finissait par rouler avec le moulon d’enfants qui glissaient inexorablement vers le bas. L’heure tournait et les rayons du soleil arasaient maintenant le sommet, les ombres s’allongeaient. Malgré la tiédeur du sable, on sentait qu’il faisait moins chaud, mais c’était largement compensé par l’énergie collective déployée pour vaincre la montagne. Personne n avait réussi à atteindre vraiment le sommet; seuls quelques-uns parmi les plus jeunes -et surtout les plus légers – l’avaient presque vaincu, finissant par renoncer en débaroulant sur les autres dans une explosion de cris et de rires. Petit à petit, on commença à entendre l’appel des mères qui voulaient récupérer leur progéniture. Une après l’autre, quelques fratries abandonnèrent la partie.
Soudain, maman était là, devant moi. Immédiatement, je compris qu’elle désapprouvait. Son délicieux regard transparent s’était mué en lame d’acier. Ne pas pleurer, ce n était pas le moment.
– Les filles, à la maison, on rentre !
Au moment de la suivre, elle se rendit compte qu’il nous manquait les chaussures. Ma sœur, plus maligne que moi, les avaient soigneusement mises à l’abri à quelques mètres de là… Mais moi, tout à mon jeu, j’avais à peine réalisé que je les avais perdues, c’était d’ailleurs bien plus agréable nu-pied. Mais, où étaient mes jolis souliers vernis maintenant ? La nuit descendait doucement. Quelques mères, constatant comme la mienne que les chaussures manquaient à l’appel, revinrent avec des torches à piles, espérant en vain retrouver les fameuses chaussures… Au bout d’un moment, il y eut même quelques papas, avec des pelles, qui continuèrent à retourner le sable. Qui retrouva une chaussure, qui retrouva les deux… Une longue file de chaussants disparates s’aligna laborieusement…
En ce qui me concerne, nous n’en retrouvâmes qu’une seule, mais sans un tel état que maman renonça à chercher la seconde ! De toute façon, c’était irrécupérable. On aurait pu tout essayer, du cirage au morceau de beurre, rien n aurait pu restaurer la surface autrefois brillante comme un miroir. Bien sûr, à chaque achat de chaussures neuves, on me rappela scrupuleusement qu’il serait interdit de jouer dans le sable avec et encore moins de s’y déchausser.
Un demi-siècle plus tard, l’évocation de souliers vernis me ramène à cette épopée enfantine qui est gravée dans ma mémoire.

Viviane Perez, le 31/03/2020.

L’histoire de la Cité du Merlan (ici)

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« L’Apport-Travail » la spécificité du « Système Castor »

10 août 201923 avril 2020 par Le Castor

    « L’Apport-Travail »

    La spécificité du « Système Castor »

    Pour la première fois, grâce aux démarches des Castors pessacais,(ils seront trois à faire le siège du bureau du ministre toute une journée : Etienne Damoran, Pierre Merle et José Béracochéa)

    par sa circulaire du 12 août 1951, signée par Eugène Claudius-Petit, Ministre de la Reconstruction, l’Etat français reconnaît « l’Apport-Travail » comme mode de financement acceptable, donnant accès à des aides publiques complémentaires.

    « l’Apport-Travail » devenait donc une force d’appoint, puisque le travail des Castors réalisé sur les chantiers a représenté, suivant les cas, entre 15 et 20 % du coût des opérations.

    Il permettait à ceux, et la quasi totalité des candidats Castors étaient dans ce cas, qui n’avaient pas les moyens d’avoir un apport personnel, de prétendre à la propriété de leur logement.

    Il servait de garantie pour les emprunts contractés auprès des établissements financiers, et permettait de bénéficier des aides de l’état et des organismes sociaux comme les Caisses d’Allocations Familiales qui joueront un rôle déterminant dans la réussite des Castors.

    A ce titre, suivant les dispositions prises par le règlement de chaque Cité, chaque Castor devait fournir un temps de travail : entre vingt quatre et trente deux heures par mois, plus deux semaines prises sur les congés payés (qui étaient de trois semaines à l’époque).

    … « J’ai souvent réfléchi, pour ma part, à la qualité, à l’impact du mouvement auquel nous avons tous été associés. Et je vais vous dire ce qui me paraît la révolution principale de l’époque, l’essentiel… Ecoutez bien !

    C’est que, pour la première fois, dans une société où l’argent est roi, et où on ne prête qu’aux riches…
    Pour la première fois, l’Etat français a accepté qu’un emprunt soit garanti, non pas par des biens matériels, ou par des capitaux, mais par du travail ! …
    C’est la victoire la plus importante de notre mouvement ! La reconnaissance de la priorité du travail !

    Et, sur le plan administratif, cette reconnaissance s’est traduite dans l’acte qui nous accordait un emprunt, par trois signatures : celle du Ministre de l’Intérieur, celle du Ministre des Finances et celle de Claudius-Petit, Ministre de la Reconstruction »…

    Etienne Damoran
    Prêtre-Ouvrier
    Initiateur de la première Cité Castor de France
    Homélie du 40e Anniversaire de la Cité des Castors de Pessac en octobre 1988

    La mis en pratique de cette règle sera le critère déterminant pour définir l’appartenance ou pas, d’une initiative d’auto-construction de logements, au « mouvement Castor ».

    Retour à la Une de la Cité

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Les précurseurs du « Mouvement Castor »

17 juin 201914 avril 2020 par Le Castor

    Ailleurs aussi les hommes se sont mis à construire !

    Union Nationale des Castors

    A Saint-Etienne, le Cottage Stéphanois commençait son chantier d’une centaine de pavillons en 1931. Il y eut beaucoup de difficultés, ce qui provoqua beaucoup de découragement et de nombreux abandons, au total vingt-deux maisons seulement furent construites.

    Tirant la leçon de ces expériences, les Castors de Pessac en conclurent que les chantiers castors ne devaient pas connaître d’arrêt, sous peine de courir à l’échec. Ils voudront également se démarquer à tout prix de l’image du « Constructeur du dimanche ».

    A l’étranger, après la seconde guerre mondiale, un mouvement d’auto-construction va également se développer, et pour les mêmes raisons, améliorer de la façon la plus économique possible les conditions de logement des habitants.

    A Stockholm, par exemple, entre 1927 et 1951, la ville réalise 5 500 pavillons grâce à l’auto-construction. Toute l’organisation était prise en charge par la municipalité comme l’indiquent les affiches incitant à l’auto-construction : « Les seuls capitaux dont vous avez besoin pour bâtir votre maison sont vos mains, la ville fait le reste : elle procure le terrain (500 m2) avec un bail de soixante ans, tous les matériaux nécessaires à la construction de la maison standardisée, prêtes à être assemblée, des moniteurs pour vous guider dans votre travail…..
    En Belgique, c’est la Société Nationale de la Petite Propriété Terrienne qui encouragea et organisa l’auto-construction.
    En Hollande soixante-quatre ouvriers de Philips entreprennent de construire leur maison grâce à l’aide de leur employeur. En Allemagne, en Angleterre au Canada c’est l’église et l’état qui encouragent et aident les candidats à l’auto-construction. Dans de nombreuses régions d’URSS, les soviets locaux ont pu mettre à la disposition des constructeurs les matériaux, les plans et les techniciens, seule la main d’œuvre était fournie par les usagers eux-mêmes.

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